Les cartes de l'Afrique au XIXe siècle et Joseph Conrad: perceptions d'une révolution cartographique (Maps of Africa in the 19th century and Joseph Conrad: Perceptions of a Cartographic Revolution)

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Isabelle Avila

Abstract

La communication proposée aura pour but de s’interroger sur la notion de « carte mentale ». Qu’est-ce qu’une carte mentale ? Comment se construit-elle ? Comment et pourquoi faire des recherches sur les cartes mentales? Cette réflexion théorique sera accompagnée d’une étude sur les représentations cartographiques de l’empire britannique au tournant du vingtième siècle. Comment retrouver les cartes mentales de l’empire britannique au moment de son apogée à partir des discours des géographes et des cartes présentes dans les atlas, les manuels scolaires et les revues des sociétés de géographie? Tout d’abord, ces cartes présentent un empire relié au monde grâce à de nombreux liens de communication. C’est un empire qui est compris comme un véritable résumé du monde. Les cartes affirment aussi la puissance symbolique d’un empire associé à la couleur rouge, couleur qui confère une certaine homogénéité à cette construction impériale et qui suggère ainsi une identité impériale. Cependant, si de nombreuses cartes construisent l’image d’un empire unifié, certaines laissent entrevoir la diversité des statuts des différents territoires qui en font partie. D’autres encore tentent de représenter, aux côtés de l’empire formel en rouge, un empire informel commercial, c’est-à-dire la partie invisible de l’iceberg. Enfin, la plupart des cartes de l’empire britannique utilisent la projection de Mercator. Quelle image de l’empire est transmise par cette projection et quelles sont les tentatives entreprises par les géographes du début du vingtième siècle pour changer cette image? L’analyse de ces variations autour des portraits cartographiques de l’empire britannique permettra ainsi de voir comment les cartes influencent la perception d’un espace dont les territoires sont éparpillés sur les cinq continents. Cette étude conduira enfin à considérer les cartes comme des « lieux de mémoire », comme des images qui contribuent à inscrire des territoires dans les mémoires.

At the end of the nineteenth century, the maps of Africa underwent a complete revolution. The blanks that they used to show were covered in a few years by the colours of the European powers colonizing the continent. The aim of this article is to study the perception of that cartographic revolution by mapreaders at the time, including one of the most famous: Joseph Conrad. In his work Heart of Darkness, published in 1899, at the close of a century of geographical progress, he dealt both with the blanks on the maps of Africa and the European colours that replaced them. His fascination for maps led him to create a very powerful literary map of Africa where the rainbow colours of the Europeans are surrounded by darkness. That oxymoronic image enables him not only to symbolically reflect a consciousness of space but also of time, summarizing the proud certainties of the imperialism and nationalism of European powers with their colours and announcing the uncertainties and the darkness of the first half of the twentieth century. Ultimately, this article aims at showing that it is necessary to replace the literary work of Joseph Conrad in its historical context in order to understand how much his inspiration was linked both to his own experience and to a zeitgeist shared by his contemporaries.

 

Article Details

Section
Geographies of Identity Special Issue January 2015 (Peer Reviewed)
Author Biography

Isabelle Avila, Universite Paris Nord 13

 

 

 

2009

 

OUVRAGES

 

Le Monde britannique (1815-1931), Paris : Bréal (col. Capes-Agrégation), 190 p., ouvrage co-écrit avec François Jarrige et Benoît Agnès.

 

 

 

2012

 

CHAPITRES D’OUVRAGES

 

« La carte de l’Empire britannique : construction d’un symbole national, 1884-1914 », dans Fabrice Bensimon et Armelle Enders (dir.), Le Siècle britannique : Variations sur une suprématie globale au XIXe siècle, Paris : Presses de l’université Paris-Sorbonne, p. 185-206.

 

2011

« Les cartes de l’Empire dans les atlas britanniques (1884-1914) », dans Hélène Blais, Florence Deprest et Pierre Singaravélou (dir.), Territoires impériaux : Une histoire spatiale du fait colonial, Paris : Publications de la Sorbonne, p. 169-187.

 

2010

« Carte du tendre et impérialisme. La géographie de l’Entente cordiale », dans F. Poirier (dir.), Cordiale Angleterre. Regards trans-Manche à la Belle Epoque, Paris : Ophrys (col. Trafic), p. 121-140.

 

ARTICLES DE REVUES

 

2013

 

« L’ère des cartes : cartographie, impérialisme et nationalisme en Grande-Bretagne et en France, 1870-1914 » dans le Bulletin du comité français de cartographie, mars 2013.